Nouvelles

Le temps humide en fin de saison fait obstacle à l'épandage de fumier

Le temps humide en fin de saison fait obstacle à l'épandage de fumier

par Christine Brown, Spécialiste de la durabilité des grandes cultures, MAAARO, Woodstock

15 novembre 2018

Protéger les sources d’eau du fumier serait beaucoup plus facile si les conditions météorologiques coopéraient. Après une saison de croissance relativement bonne, les conditions depuis septembre ont été plus humides qu’à la normale, et les laps de temps entre les précipitations n'ont été que de courte durée, ne laissant que peu de temps pour terminer les récoltes et les travaux au champ. Une récolte de maïs difficile, combinée à des sols détrempés et à des chutes de neige précoces, se traduit par un retard dans les travaux au champ et des structures d'entreposage de fumier pleines qui devront être vidées avant la venue de « l'hiver ».   

La contamination de l'eau par le drainage agricole, l'érosion du sol et le ruissellement de surface doivent être pris en compte lorsqu’on épand du fumier pendant les mois humides et froids d'octobre, novembre ou décembre. Les dommages causés au terrain par la compaction du sol, en particulier dans le cas des sols plus lourds, constituent un autre facteur à considérer lorsqu'on tente d'équilibrer les opérations au champ et la santé des sols. 

Pour certaines fermes, l'épandage du fumier devra se faire en « hiver ». (Le terme « hiver », aux fins du présent article, désigne les sols gelés ou enneigés, et non la date du calendrier). Pour d'autres fermes, l'épandage du fumier fera partie du plan d'urgence visant à éviter le débordement de la structure d'entreposage. Dans certains champs, le sol devra être gelé pour que les citernes ou les épandeurs puissent circuler. 

Lorsque l'épandage doit être fait dans des conditions humides, la meilleure option demeure l’épandage en surface sur les résidus de récolte, suivi d’une incorporation au sol dès que possible après l’épandage. Lorsque cela n'est pas possible, une approche sensée est nécessaire afin de réduire au minimum la contamination de l'eau ou du sol. Cela comprend l'identification et la gestion des zones à risque élevé. Les options pour l’épandage de fumier pendant une saison de récolte humide ou dans des conditions « hivernales » sont les suivantes :

Épandage à forfait

Est-ce l'année où l'épandage à forfait serait le choix le plus raisonnable? Il est important de considérer le lieu et la méthode d'épandage. Envisagez l'embauche d'un opérateur à forfait pour épandre le fumier si la récolte et la charge de travail contreviennent à un épandage adéquat répondant aux exigences environnementales ou à celles de la ferme. Un opérateur à forfait qui connaît les données spécifiques au site ou les données GPS est en mesure de cartographier l'emplacement et le taux d'épandage, afin que l'apport en engrais commercial soit plus facile le printemps prochain.

Évaluation des sites pour les épandages

Certains champs de la ferme présentent un risque plus élevé de contamination par des éléments nutritifs; une topographie plus accentuée, des écoulements de surface, des risques d'infiltration; une mauvaise structure du sol, ce qui en fait des mauvais choix pour l'épandage de fumier en fin de saison. Choisissez les champs, ou les parties de champs les plus éloignés des cours d'eau, les champs les moins en pente et les champs avec des zones tampons (lignes de clôture) comme premiers choix pour l'épandage. Choisissez des champs qui comportent des quantités relativement élevées de résidus de récolte lorsque cela est possible. 

Registres

Tenez des registres au sujet des endroits qui ont reçu du fumier et des endroits qui n'ont pas reçu de fumier à des fins de fertilisation et d’exactitude. 

Évitez d’injecter dans des sols détrempés

L’injection de fumier liquide n’est pas une bonne option dans les sols détrempés. Les sols détrempés s'étalent plus facilement, surtout lorsqu'on ajoute des liquides concentrés à chaque point d'injection. L'épandage en surface dans des résidus de culture (idéalement de maïs), suivi d'un travail du sol réalisé dans les plus brefs délais, réduit au minimum les dommages de compaction dans les sols détrempés.

Évitez de contaminer l’eau de surface

Pour les épandages de fumier, choisissez les champs ou les parties de champs ayant la pente la plus faible. Commencez par les champs où il n’y a pas d’accès aux eaux de surface. Les modèles d'écoulement de l'eau sont évidents dans la plupart des champs lors d'un orage. Prenez note de ces zones et évitez d'y épandre du fumier. Évitez aussi d'autres zones où l’on peut voir des signes d’eau stagnante ou des rigoles érodées.

Distances de séparation par rapport aux cours d’eau

Maintenez les distances de séparation par rapport aux cours d'eau. Dans de bonnes conditions d'épandage, la distance de séparation recommandée par rapport à un cours d'eau varie normalement entre 40 pieds et 100 pieds, en fonction du risque de ruissellement. En hiver, la distance de séparation doit être d'au moins 100 pieds. (Dans les règlements sur la gestion des éléments nutritifs, la distance de retrait minimale augmente à 330 pieds pour un épandage d'hiver lorsque la pente menant au cours d’eau est supérieure à 3 % pour du fumier liquide ou à 6 % pour du fumier solide). 

Distances de séparation par rapport aux avaloirs

Les avaloirs (entrées de surface) ou les avaloirs surélevés de type Hickenbottom constituent un accès direct aux eaux de surface. Au cours d'une année pluvieuse, les risques de contamination de l'eau par le fumier qui passe dans les avaloirs augmentent. Par conséquent, les distances de séparation par rapport aux Hickenbottom ou aux avaloirs devraient être identiques aux distances de séparation par rapport aux cours d’eau. 

Optez pour de faibles taux d’épandage

Un taux d’épandage de 5600 gallons impériaux par acre (6800 gallons américains/acre) équivaut à 6 mm (¼ de pouce), épandus uniformément sur toute la largeur. Tenez compte des conditions du sol au moment de l'épandage. Si un quart de pouce de pluie tombait en une minute, est-ce qu'il s'écoulerait ou est-ce qu'il se déplacerait?

Surveillez et soyez prêt à mettre en œuvre le plan d'urgence

Dans tous les types d'épandage de fumier, une surveillance est essentielle pour éviter toute contamination des sources d’eau. Si du fumier se déversait sur le sol ou dans un cours d’eau, le producteur ou l’exploitant de l’équipement d’épandage est tenu par la loi de contacter immédiatement le Centre d’intervention en cas de déversements au 1 800 268-6060, et de mettre en œuvre le plan d’urgence de la ferme dans les plus brefs délais.

Autres possibilités d’entreposage

Envisagez une autre possibilité pour l'entreposage de votre fumier, le cas échéant. Certains voisins ont peut-être vendu leur bétail, mais ont toujours un espace d'entreposage de fumier qui pourrait être « loué ».

Entreposage temporaire de fumier solide

Là où des entreposages temporaires sur place seront utilisés pour le fumier solide, assurez-vous que l'emplacement choisi est plat et à l'écart des sources d'eau et des drains. L'emplacement par rapport aux voisins devrait également être pris en compte, en raison de plaintes potentielles à propos des odeurs.

Épandage sur un sol gelé ou enneigé

Le fumier épandu pendant les mois d'hiver dans de bonnes conditions (quand l'incorporation peut se faire le jour de l'épandage) peut être une bonne option, d'autant plus que les conditions du sol au printemps sont imprévisibles. Le fumier épandu tôt dans la saison hivernale a généralement une meilleure capacité d'infiltration et présente généralement un risque moins élevé comparativement au fumier épandu en février, alors que la couche de gel est plus épaisse et le risque de ruissellement plus élevé.

(Les exploitations visées par la réglementation doivent incorporer le fumier liquide dans les 6 heures suivant l’épandage sur un sol gelé ou enneigé).

Considérez le ruissellement lié à la fonte de la neige

Si du fumier est épandu dans des champs enneigés, tenez compte du sol sous la neige. Les risques d'un ruissellement contaminé sont plus élevés lorsqu'il y a des précipitations qui se mêlent à la fonte de la neige sur un sol gelé. Quel chemin le ruissellement prendra-t-il? Les champs enneigés, mais dont le sol n'est pas gelé, ont encore une certaine capacité d'infiltration. Cependant, la compaction pourrait être un problème et il existe toujours un risque de ruissellement contaminé, tout dépendant des conditions de la fonte de la neige. Décidez du moment opportun pour épandre le fumier en tenant compte des modèles d'écoulement de l’eau de la fonte de la neige et évitez d'épandre dans les zones à risque élevé.

Les biosolides d'égout ne peuvent pas être épandus en « hiver ». De plus amples détails concernant l'entreposage temporaire et l'épandage en hiver sont fournis dans les fiches techniques du MAAARO suivantes : 

  • Entreposage temporaire au champ de fumiers solides ou d'autres matières de source agricole (Fiche technique no 05?009)

www.omafra.gov.on.ca/french/engineer/facts/10-040.htm et

  • Épandage en hiver de fumier et d'autres matières de source agricole (Fiche technique no 10?074). 

http://www.omafra.gov.on.ca/french/engineer/facts/10-074.htm.

Reviewed 12/13/2018

Contact

Contactez-nous.

Business Development Centre
University of Guelph, Ridgetown Campus
120 Main St. E
Ridgetown, ON N0P 2C0